Tu sais chercher, sonder et pelleter pour sortir un avalanché en moins de 15 minutes ? Parfait !
Mais sais-tu ce qu’il faut faire pour sauver un avalanché de l’asphyxie, l’hémorragie ou l’hypothermie qui peuvent le tuer une fois à la surface ?
Et la mort blanche, ça te parle ?
Savoir sortir un avalanché en moins de 15 minutes, c’est 50% du boulot. Ensuite, il faut le maintenir en vie jusqu’à l’arrivée des secours professionnels. Ça peut durer 30 minutes, parfois plus si la météo est mauvaise !
D’après l’ANENA, 30 personnes meurent chaque année dans une avalanche. La bonne nouvelle, c’est que les connaissances en nivologie des pratiquants augmentent, et de moins en moins de personnes se font coffrer.
En revanche, là où ça pèche, c’est sur les gestes de secours. Les formations au secourisme urbain comme le PSC1 ne sont pas adaptées aux situations de montagne, et la plupart des formations DVA s’arrêtent quand l’avalanché est à la surface. La partie secourisme est rarement abordée.
Dans cet article, je ne vais pas t’expliquer comment faire une recherche, un sondage ou un pelletage. Ces étapes du secours sont très bien expliquées par les vidéos et articles de l’ANENA. Ce qui nous intéresse ici, ce sont les gestes de secourisme qui te seront utiles pour sauver la vie d’un avalanché.
Lorsque quelqu’un est pris dans une avalanche, c’est un peu comme s’il était dans une machine à laver : il est secoué dans tous les sens. Il peut alors percuter un rocher sur la trajectoire de l’avalanche. Il peut aussi se couper avec ses carres de ski ou son piolet. Bref, une personne prise dans une avalanche a de grandes chances d’être blessée.
C’est pour cette raison que tu vas devoir le sortir doucement, en déblayant la neige autour de lui et non pas en le tirant. Tu peux aggraver sa situation si tu le mobilises trop brusquement.
Fais notamment attention lorsque tu déblaies la neige avec ta pelle. Elle est tranchante et tu risques de le blesser si tu es trop énergique.
Imaginons maintenant que tu viens de réussir à sortir (délicatement) ton ou ta binôme. Tu l’a enfin mis à la surface, après une petite quinzaine de minutes passées sous la neige.
Il y a alors 2 possibilités :
Si il parle alors tu sais qu’il respire, c’est facile ! Il faudra ensuite vérifier s’il a une hémorragie. J’ai fait un article à ce sujet qui t’explique comment trouver une hémorragie et comment poser un pansement compressif ou un garrot.
Ensuite la deuxième chose à gérer, c’est les risques d’hypothermie. Sur la neige, ton ou ta binôme va se refroidir très vite. Or, l’hypothermie peut entraîner plein d’autres problèmes en chaîne. Il faut isoler et réchauffer la personne. Si tu as besoin de réviser tes connaissances sur l’hypothermie en montagne, tu peux aller lire mon article à ce sujet.
Si il ne parle pas en revanche, alors il est sûrement inconscient et tu dois aller vérifier qu’il respire. Pour commencer, regarde dans sa bouche si un bouchon de neige l’empêche de respirer. Il faudra alors l’enlever avec tes doigts pour libérer les voies respiratoires.
Dans un deuxième temps, tu vas ouvrir toutes ses couches de vêtements pour l’aider à respirer. Puis, pour vérifier qu’il respire, tu vas :
De cette manière, tu pourras alors entendre, sentir ou voir sa respiration.
S’il respire, tu reprends les étapes citées juste avant, en le laissant sur le dos pour t’occuper de l’hémorragie et de l’hypothermie.
Maintenant, voyons comment faire si à l’étape précédente tu identifies qu’il ne respire pas. Comprend bien que l’asphyxie est la première cause de mort des avalanchés, donc si ton ou ta binôme ne respire pas, c’est la première urgence vitale à gérer.
Si l’avalanché ne respire pas, alors la prise en charge est celle d’un noyé. Lors d’une noyade, pour se protéger d’une entrée d’eau, les poumons vont fermer l’entrée à double tour. C’est ce qu’on appelle le réflexe laryngé. Pour débloquer ce réflexe musculaire, il faut envoyer de l’air dans la trachée. En gros, il faut donner le signal au larynx pour qu’il comprenne que la voie est libre et que l’air est de nouveau disponible.
Pour débloquer le réflexe laryngé, il faut donc insuffler de l’air dans ses poumons. Pour ça tu vas :
Il est possible qu’après ça la victime reprenne un souffle puis sa respiration.
Si malgré les 5 insufflations, l’avalanché ne respire toujours pas, il va falloir, pour le sauver, faire une réanimation cardio pulmonaire (c’est le vrai nom du massage cardiaque).
Mais avant d’attaquer le “massage cardiaque”, il faut que tu vérifies si la personne saigne abondamment car une fois que tu as commencé la réanimation cardio pulmonaire il ne faut pas t’arrêter.
Et masser quelqu’un qui à un hémorragie ça donne ça !
Si tu es seul, il faudra donc gérer les hémorragies avant de masser. Ça peut être fait en même temps si vous êtes deux pour gérer la victime.
Ce que je te conseille c’est :
Tu masses jusqu’à l’arrivée des secours. Cependant, s’il y a plusieurs personnes valides, il faudra alors se relayer pour le massage cardiaque. Tenir 3 minutes c’est déjà bien, au delà, à cause de la fatigue, on masse moins bien.
Dernière chose à savoir en ce qui concerne le secourisme pour un avalanché, c’est ce qu’on appelle : la mort blanche ! Lorsqu’une personne est en hypothermie, le sang présent dans ses membres ne circule quasiment plus. Ce sang va alors se refroidir. Si tu bouges le blessé, ce sang froid va bouger lui aussi et se diriger vers le cœur. Or, si le cœur est refroidi de manière brutale, il s’arrête. Au point qu’une personne consciente qui parle peut alors tomber en arrêt cardiaque à cause de ce mécanisme.
Il faut donc que tu retiennes que, pendant la totalité du secours, tu dois faire très attention lorsque tu bouges le blessé. Effectivement, il peut avoir une blessure au niveau de la colonne vertébrale et/ou du sang froid dans les membres qu’il ne faut pas faire revenir au cœur. Un avalanché, c’est comme du cristal.
Une fois que tu connais les gestes pour porter sauver un avalanché, il y a un deuxième truc assez pénible à savoir faire : être capable de prioriser s’il y a plusieurs victimes.
Et là, ce n’est pas la partie la plus agréable.
Les chances de survie d’une personne ensevelie sous la neige plus de 15 min sont de 80 %, plus de 18 min les chances chutent à 60%.
L’objectif principal reste donc de sortir tout le monde en moins de 15 minutes. Par conséquent, tant que tu n’as pas sortie tout le monde, les seuls actions que tu feras sur chacun des avalanchés est de :
Quand tu auras sorti tout le monde, tu sauras quel est le problème de chacun.
Par exemple : 1 indemne, 1 avec les jambes arrachées ou 2 en arrêt cardiaque.
En effet, les scénarios sont infinis. C’est pourquoi il n’y a pas de plan type, la règle est plutôt de prioriser les urgences vitales qui nécessitent des gestes rapides à exécuter.
Je pense notamment aux hémorragies et à l’hypothermie. A ce moment-là tu fais les gestes expliqués en première partie de vidéo et qui s’appliquent pour une seule victime. En clair, tu dois les mettre en capacité d’attendre les secours professionnels en arrêtant le saignement et en les protégeant du froid.
Si l’avalanché ne respire pas malgré l’air que tu lui as insufflé, tu ne dois t’en occuper qu’à la fin. N’oublie pas qu’une fois que tu commences une réanimation cardio pulmonaire tu ne dois plus t’arrêter. D’autant plus que sous l’effet du stress, tu peux perdre la notion du temps et de l’environnement autour de toi. Le piège à éviter est de débuter une réanimation cardio-pulmonaire si tu es le seul pour secourir plusieurs personnes. En définitive, la personne qui ne respire pas est ta dernière priorité.
Bien évidemment si vous êtes plusieurs, vous devez vous répartir les rôles. L’un sort les avalanchés, l’autre fait les gestes de secours. Pour cela, les vidéos YT ne suffisent plus. Il faut s’entraîner, car la gestion du groupe dépend des personnalités et expériences de chacun. Bref, il faut être mis en situation pour apprendre à se connaître et progresser.
Pour sauver un avalanché, tu dois :
S’il y a plusieurs victimes, tu dois :
Une fois que tu as compris ça, il faut pratiquer. La théorie sans pratique, c’est comme un vélo sans pédale. Ca part d’une bonne idée mais ça ne sert pas à grand-chose. En pratiquant, tu pourras ainsi installer des automatismes et par conséquent devenir suffisamment rapide en cas d’accident. Cependant, si tu es lent, tu réduis les chances des victimes de s’en sortir. Évidemment, à chaque fois que tu t’entraînes, il faut prendre le temps de débriefer pour identifier les points sur lesquels tu peux t’améliorer.
Si tu veux te former sur le terrain aux gestes de secourisme adaptés aux sports de montagne, tu peux t’inscrire à ma newsletter pour recevoir, non seulement, des conseils pour progresser mais aussi connaître avant tout le monde les dates de prochains stages.
Ecrit par : Guillaume Fustier