C’est cadeau ! 
Les 8 ÉTAPES incontournables qui te permettent de porter secours à un blessé en montagne
Que risques-tu si la foudre tombe près de toi en montagne ?
Il est assez rare d’être en montagne pendant un orage car on sait que c’est dangereux et on fait tout pour l’éviter. Résultat, il y a beaucoup de mystères autour de la foudre en montagne. C’est pourquoi je vais, dans cet article, déconstruire quelques idées reçues et ainsi t’aider à avoir une meilleure connaissance des dangers réels pendant un orage.
On se dit par exemple “il y a peu de chance que la foudre me tombe sur la tête, donc je ne risque rien”, la première partie de cette phrase est vraie. Mais ce n’est pas tellement ça le problème avec la foudre en montagne. Si tu pense que le risque principal c’est d’être foudroyé et grillé sur place comme une merguez, alors tu te trompes et tu te ne prépares pas pour le vrai danger.
En montagne, la foudre ne te tombera sûrement pas directement sur la tête (et je t’expliquerai rapidement comment faire pour que ça n’arrive pas), mais la foudre peut tomber à proximité de toi et provoquer ce qu’on appelle un effet blast. C’est un souffle puissant qui provoque des blessures graves si tu es sur son passage et c’est le sujet de cet article.
Nous allons donc voir ensemble :
– Comment te protéger de la foudre en montagne
– Quels sont les brûlures liées à la foudre et comment les soigner
– Pourquoi la foudre arrête les cœurs et comment faire pour pallier ça.
– Et enfin qu’est-ce que l’effet blast et ce que tu peux faire.
Comment éviter de se retrouver sur le trajet de la foudre en montagne ?
Quand tu pars en montagne en hiver, tu as appris à ne pas être pris dans une avalanche. En été le problème est le même avec l’orage : tu dois tout faire pour éviter de te retrouver dessous. Les prévisions météo t’aideront pendant ta préparation de course, mais tu dois aussi être à l’écoute des signes sur le terrain. Si tu sens qu’un orage monte pendant que tu es en montagne, rapatrie-toi le plus vite possible en vallée.
Si tu sens un vent fort ou si tu vois des nuages noir se former au loin il faut impérativement que tu fasse demi tour. En alpinisme tout demi tour prends beaucoup de temps et d’énergie. Il faut donc anticiper l’arrêt de la course.
Renoncer à faire une course parce que tu n’es pas sûr de la météo est une décision difficile mais se retrouver sur une arête sous l’orage est la pire des situations que tu peux vivre en montagne.
Il faut savoir que la foudre peut avoir une intensité de 25 000 Ampère, une tension de 100 millions de Volt et une température de 30 000°C. Pour que tu puisses comparer c’est l’énergie qu’il faut pour allumer 100 millions de frontales. Tu peux éclairé le Mont Blanc avec ca.
Toute cette énergie doit se dissiper et pour ça elle va prendre le chemin le plus facile vers la terre. Soit parce que ce chemin est court : la foudre tape souvent les points les plus hauts en montagne. Soit parce que des éléments conducteurs facilite son passage : un filon de fer ou ton piolet.
A contrario plus le passage est difficile et moins la foudre tape, un moyen facile de se protéger de la foudre reste de se mettre sur une isolant synthétique comme ta corde.
Le passage de l’électricité de l’air à la terre est difficile, cela entraîne à chaque fois une explosion et donc un effet blast.
Les moyens de protections pour les alpinistes
Si tu te retrouves dans un orage pour t’en protéger il va falloir :
– Perdre rapidement de l’altitude et s’éloigner des lignes de crêtes d’au moins 10 mètres. Ce qui fait que tu ne seras plus le point le plus haut de la paroi.
– Ranger tous les objets en métal et en carbone loin du groupe, parce qu’ils attirent le courant électrique.
– S’isoler du sol et de l’eau en s’asseyant sur ton sac par exemple
– S’attacher si tu es en paroi ou sur un terrain escarpé. Cela te retiendra si tu es projeté.
– Éviter d’utiliser la radio ou le téléphone portable, car les ondes facilitent le trajet de la foudre.
Si malgré toutes ces précautions la foudre décide de passer te chatouiller il y a alors plusieurs blessures typiques.
La brûlure dû à la foudre en montagne
La blessure la plus évidente c’est la brûlure.
Dans notre imaginaire commun lorsque quelqu’un se prend la foudre, il finit en petit tas de cendre comme dans les cartoons. Heureusement c’est moins violent que ça.
Il y a deux types de brûlures lorsqu’une personne se fait foudroyer.
- Une brûlure superficielle si ton corps est en contact avec un objet métallique qui prend la foudre ;
- Une brûlure profonde si l’arc électrique passe à travers le corps.
Brûlure superficielle
Lorsqu’un objet en métal prend la foudre, la chaleur le fait fondre. Si les dégaines ou les mousquetons accrochées à ton baudrier prennent la foudre, ils vont donc te brûler la peau malgré tes couches de vêtements. D’ailleurs les vêtements synthétiques vont fondre eux aussi et fusionner avec la brûlure.
Si tu as une brûlure superficielle, il faut refroidir les brûlures avec de l’eau que tu vas faire ruisseler. Parfois tu n’auras pas beaucoup d’eau disponible, par exemple sur une ligne de crête tu n’auras que ta gourde. Si tu n’as pas assez d’eau, tu peux refroidir la brûlure avec des compresses humides que tu mets au vent. Le phénomène d’évaporation que je t’explique dans l‘article sur l’hypothermie va te permettre de refroidir les brûlures du foudroyé.
Si les tissus synthétiques ont fondu et collent à la peau, il faudra découper autour pour accéder à la zone brûlée, mais il faut laisser le tissu collé. Il sera enlevé aux urgences.
Ensuite il te faudra mesurer la surface de peau brûlée. Pour ça le plus simple c’est de prendre la main de la victime et de compter le nombre de main nécessaire pour couvrir la brûlure. Ce chiffre est très important pour la prise en charge par les secours professionnels, tu dois leur indiquer au moment où tu les appelle.
Enfin le mieux à faire c’est de rester sur place et d’installer le foudroyé le plus confortablement possible car il va faire un malaise à un moment ou un autre.
Brûlure électrique
Il existe une deuxième brûlure moins connue celle-là, c’est la brûlure électrique.
On l’a dit, la foudre est un courant électrique. Elle est donc « feignante » et cherche le chemin le plus rapide et simple pour libérer sa charge électrique. Bien souvent le courant et donc la brûlure vont passer dans le corps. Son chemin préféré dans un corps suit celui des nerfs et des vaisseaux sanguins.
Les seuls signes que tu vas trouver vont être un petit rond noir cerclé de rouge qui correspond à l’entrée et la sortie de l’arc électrique. Ils sont donc souvent sur le haut du corps comme la tête et un autre sur le bas du corps comme la cheville.
La personne foudroyée va également perdre connaissance ou être désorientée. Les membres touchés vont être engourdis voire paralysés pendant plusieurs heures.
Si tu vois tout ça, tu peux te dire que l’urgence est absolue. Car la brûlure interne va du point d’entrée jusqu’au point de sortie . C’est énorme.
Les seules choses que tu vas pouvoir faire seront :
– Refroidir les points d’entrée et de sortie comme pour une brûlure classique
– Installer confortablement la victime
– Appeler le plus vite possible les secours professionnels et leur dire que la victime à été foudroyée.
– Surveiller la personne et te préparer à ce qu’elle fasse un arrêt cardio-respiratoire.
L’arrêt cardio respiratoire
Comme je te l’ai dit, une personne qui est frappé par la foudre en montagne va surement faire un arrêt cardio-respiratoire. Cela est dû à plusieurs mécanismes.
Le premier mécanisme est lié à la brûlure. Pour faire rapide un brûlé va perdre beaucoup d’eau. Lorsqu’il n’y a plus assez d’eau dans les vaisseaux, le cœur ne peut plus pomper et s’arrête. C’est comme s’il n’y avait plus d’eau dans la rivière du coup le barrage électrique ne fonctionne plus.
Le deuxième mécanisme est lié au passage de l’arc électrique de la foudre dans le cœur. Lorsque tu es tranquillement en train de regarder cette vidéo ton cœur envoie entre 60 et 80 fois par minute un message électrique pour qu’il se contracte. Sans ce message électrique le cœur s’arrête. C’est un message interne et il fonctionne de façon automatique. Parfois le cerveau lui envoie un message pour qu’il augmente la fréquence ou la diminue en fonction de ce que tu fais. Si tu cours, il augmente ou si tu dors, il diminue. Lorsque la foudre passe dans le cœur, elle stoppe ce message et le cœur s’arrête.
Il faut donc faire un massage cardiaque. Bien évidemment tu commenceras la réanimation cardio-pulmonaire seulement après avoir appelé les secours et t’être mis à l’abri avec la victime.
L’effet blast
La blessure méconnue de la foudre en montagne est l’effet Blast.
L’effet blast est dû à l’impact de la foudre sur le sol. Cela va créer une explosion et par conséquent une augmentation de la pression de l’air. C’est ce qu’on appelle : un souffle. Cette surpression va se dissiper en poussant l’air à côté d’elle. C’est comme lancer un caillou dans l’eau, cela créer des vagues qui avancent en cercles jusqu’à disparaître.
Ce souffle va créer 4 mécanismes de blessures.
- Le premier est l’impact du souffle en lui-même. L’air qui a été chassé du lieu de l’impact se déplace aussi vite que le son et vient percuter le ou la victime. Les organes creux (tympan, estomac, poumon…) vont se retrouver écrasés par cette surpression. Cela va entraîner des lésions importantes. Souvent les tympans vont saigner, tout comme les poumons ce qui entraîne une respiration de plus en plus difficile, et parfois même cela créer des plaies aux yeux. L’évolution de ces blessures est incertaine et le ou la foudroyé.e doit être amené.e de toute urgence à l’hôpital. Sur le terrain nous n’avons rien pour les soigner.
- Le deuxième est l’impact des rochers projetés par le souffle. En fonction de leur taille, certains rochers vont pénétrer dans le corps de le ou la personne, ou s’écraser dessus. Cela entraîne des plaies plus ou moins profondes, des fractures, des hémorragies ou des contusions.
- Le troisième mécanisme est celui de la projection de le ou la victime elle-même. Une personne peut voler sur plusieurs mètres après un impact de foudre. Si tu es sur une crête ou en train de grimper une falaise, le souffle va te pousser et te faire tomber. Si tu t’écrases contre le sol, contre un rocher ou contre un arbre, tu peux alors te fracturer un membre ou te cogner violemment la tête.
- Le dernier mécanisme est l’onde de chaleur créée par l’explosion. Elle va brûler la peau et la rétine de le ou la personne projetée.
Ton rôle dans tout ce bazar sera de gérer les blessures apparentes (fracture, plaie, brulure…).
Je te conseille d’aller lire les articles que j’ai fait sur la gestion de l’hémorragie, de la fracture ou de l’hypothermie.
Pour soigner une personne blastée, il faudra que tu sois particulièrement précautionneu.se car :
- Il ou elle aura très certainement une blessure à la colonne.
- Et bouger un os fracturé est extrêmement douloureux.
Ta mission sera d’installer le ou la foudroyé.e le mieux possible pour pouvoir attendre les secours en montagne. N’oublie pas qu’il faudra le ou la protéger du froid et de la pluie.
Il faudra être extrêmement vigilant lorsque tu soignes un.e blasté.e. Au début il va sembler en « forme » mais son état va se dégrader au fur et à mesure. Par exemple le.la projeté.e peut être incapable au bout de 3 rappels de continuer la descente parce qu’il.elle n’arrive plus à respirer. Il faut impérativement anticiper cette dégradation et s’installer confortablement pour pouvoir rester plusieurs heures en attendant les secours.
Que retenir pour sauver un.e foudroyé.e en montagne ?
La règle n°1 est évidemment de tout faire pour ne pas être en montagne pendant un orage. Mais si ça arrive, autant s’y préparer. Si tu es surpris par l’orage, le plus simple reste de s’éloigner des sommets d’au moins 10 m et de ranger les objets métalliques à distance pour éviter d’être pile là où la foudre tombe.
Mais si la foudre tombe près de toi lorsque tu es en montagne, il y a 3 blessures qui peuvent arriver :
- La première est la brûlure qu’elle soit superficielle ou profonde il te faudra la refroidir et installer le foudroyé confortablement pour attendre les secours.
- La deuxième est l’arrêt cardiaque à cause du courant électrique de la foudre. Les chances de survie sont bonnes mais il faudra réaliser une réanimation cardio-pulmonaire jusqu’à ce que les professionnels arrivent.
- La troisième blessure est liée à l’effet blast qui projette soit de l’air, soit des objets, soit l’alpiniste lui-même. Cela entraîne des blessures qui peuvent être gravissimes. Ton rôle à ce moment-là est de soigner les blessures apparentes et d’installer confortablement le blasté.
Pour progresser en secourisme et être armé en cas de pépin en montagne, il faut pratiquer. Entraîne toi, si possible avec ton binôme, pour installer des automatismes et augmenter tes chances de survie.
Si tu veux te former sur le terrain aux gestes de secourisme adaptés aux sports de montagne, tu peux t’inscrire à ma newsletter pour recevoir, non seulement, des conseils pour progresser mais aussi connaître avant tout le monde les dates de prochains stages.
Ecrit par : Guillaume Fustier
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